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2009.01.04 @15:34 

Exquise barbarie

Exquise barbarie

Lisant la chronique de David Servan-Schreiber dans le numéro de décembre 2008 de psychologies (pendant mes vacances de novembre! 2008 mais là n'est pas le sujet de ce billet), j'ai appris quelque chose.

Oh non pas que je n'apprenne rien en lisant psychologies - bien au contraire, ce magazine se hissant sans trop de mal au dessus du lot de papyrus préimprimés pour femmes en mal de publicité pour rouges à lèvres (presque) tous plus affligeants les uns que les autres - mais soyons honnêtes la psychologie ( la science ) c'est un peu comme l'astrologie : on oscille en permanence entre un sentiment d'évidence diffus et quelques coups de génie bluffants dont on reste hébété le temps que nos neurones se touchent mais, il faut bien le dire, qu'on oublie plus vite que son premier coca-cola pour reprendre une vie normale sans que notre cerveau ne stocke réellement l'information.

Or là donc j'ai appris quelque chose que je vais retenir pour un "bon moment" et que vous, chers lecteurs qui ont eu le malheur de vous être perdus sur la toile, allez pouvoir garder en mémoire en vous couchant ce soir, ou demain matin : peu de gens sains d'esprit ayant la motivation ou le temps de lire un billet si long sur un beulogue miteux en pleine conscience de leurs moyens et en pleine journée.

D'après l'OMS, pour qui je travaille entre autre, en 2020 la seconde cause de mort et d'handicaps sera la dépression (uniquement surpassé par les accidents cardiovasculaires car heureusement macdo veille au grain !). Bien que déjà passionante en l'état ceci n'est pas l'information responsable de cette tentative de me faire passer pour un journaliste ou disons un vrai métier : un écrivain. Mais j'y viens.

Vous êtes vous demandés comment nos chers scientifiques-pharmaciens testent ces fameux anti-dépresseurs qui seront responsables de l'agravation de l'abîme de la sécu ? Si tel est le cas, vous devriez probablement consulter mais je doute que vous imaginiez la bonne réponse.

Le test classique (ce n'est pas moi qui le dit mais david) s'agit de prendre des souris et de les plonger dans un bassin rempli d'eau dans lequel elles n'ont pas pied. Les souris paniquées vont se mettre à nager pour éviter de couler. Le chercheur les regarde donc jusqu'à ce qu'elles perdent courage et finissent par se laisser noyer. A ce moment précis il les récupère et leur administre une de nos précieuses doses d'anti-dépresseurs... afin de les remettre illico dans le bain et de continuer à les regarder et ainsi minuter leur agonie. On ne sait pas si comme au patinage ils mettent des notes artistiques mais bien sûr plus c'est long et plus c'est bon comme disait tata germaine.

L'article auquel je fais référence détaille peu la manoeuvre, décrite "en passant" car le propos est autre : l'auteur s'enthousiasmant sur de nouveaux résultats grâce à des chercheurs ayant eu l'idée de faire l'expérience en ajoutant une dose de "clicker-training" afin de découvrir qu'on peut entrainer les animaux et donc probablement les êtres humains à être leur propre remède contre la dépression. C'est effectivement très intéressant : voir "an animal model of a behavorial intervention for depression" de D.D. Pollak, F.J. Monje, L. Zuckerman, C.A. Denny, M.R. Drew et E.R. Kandel, dans "neuron" édition d'octobre 2008.

Hmmm wait : l'article est enthousiaste et a ce gentil positivisme de rigueur de toute publication à tendance psychologique, soit, mais revenons à cette délicieuse expérience, et surtout à sa généralisation : car je ne suis pas chimiste ni pharmacien mais des anti-dépresseurs il y a autant que de couleurs des rouges à lèvres sus-mentionnés. Et contrôle qualité oblige j'ose imaginer qu'on doit probablement industrialiser cette fanstatique découverte (je parle de la procédure de test !) afin de s'assurer que tout anti-dépresse correctement dans le meilleur des mondes où tout devrait aller bien, possible.

Je m'interroge sur la personne qui a pensé le premier à ce test (et la somme de ceux qui le pratiquent depuis) : comment lui est venu la funeste idée d'observer un animal se noyer - deux fois - tout en le minutant pour déterminer l'efficacité de la procédure ? La vitre du bocal est elle teintée pour éviter que l'animal ne voit l'autre animal bourreau ?

Je ne suis pas personnellement membre de ces groupes extrêmistes qui veulent interdire tout test sur les animaux, peut être en partie par lâcheté c'est vrai mais aussi parceque je me doute bien que pour pouvoir sauver des êtres humains il est certainement difficile de tester de nouvelles drogues sans passer par des animaux alors je fais comme tout le monde je regarde ailleurs, je n'y pense pas. Certes ca me révolte un peu que l'on puisse tester ces fameux rouges à lèvres sur des culs de baboins car où dans ce cas est la sauvegarde de la race humaine ? Mais soyons honnête cela ne m'empêche pas de reprendre des chocolats à noël.

Or ici il ne s'agit pas de faire avaler une dose d'un médicament quelconque à une souris en espérant qu'elle ne la fasse pas devenir rouge, bleue ou avoir une crise cardiaque, il ne s'agit même pas de lui inoculer un virus mortel tout en essayant de la sauver avec un sérum miraculeux ni même de la faire s'empiffrer jusqu'à ce que ses artères se bouchent pour étudier les dégâts de telle graisse sur son anatomie (et ainsi aider à ce que la dépression repasse première dans la prédiction ci dessus). Non il s'agit de la mettre délibérément dans une situation de noyade doublement programmée et de "l'aider" à rallonger son agonie le plus longtemps possible tout en l'observant. Je ne sais plus qui ou si quelqu'un a écrit que le pire que l'on puisse enlever à un être est l'espoir mais il me semble que c'est de rigueur.

Devant une telle idée on ne peut qu'avoir qu'une conscience ambivalente : est ce plus génial qu'atroce ? Et c'est précisément là où se niche la conscience "vertueuse" du scientifique : afin de mieux dormir la nuit, afin d'être fier de sa création son esprit va tout mettre en oeuvre pour ne voir que le côté intéressant, intriguant, génial ou efficace de son idée tout en minimisant les "mauvaises" pensées, en éloignant les idées rétrogrades que oui quand même il dépasse peut être un peu la frontière de l'éthique, en faisant taire son coeur qui n'est pas son organe le plus utile pour son travail.

Sans vouloir donner un point de plus à Godwin et encore moins dresser un aqueduc pour comparer l'incomparable, cela peut nous rappeler les horreurs incompréhensibles que certains ont pu vivre et... forcément faire vivre. Comment l'être humain est capable non pas de faire le pire comme on le dit souvent mais de le faire de manière si bien tournée pour son propre esprit qu'il est persuadé que c'est une bonne chose : le mécanisme inébranlable de la fascination du but à atteindre qui justifie tous les moyens, toutes les atrocités.

Mais je sais me direz vous ce ne sont que des animaux ! ... mais n'était ce pas ce que les scientifiques des nazis se disaient ?

1 Comment
  1. kat said:

    Monday, February 2, 2009 at 10:05

    Tiens, je n'avais pas retiré la même chose de cet article. Méthodes discutables en effet...

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